RIVALISER avec les plus grandes universités
américaines ou anglaises, former les futurs grands économistes français et internationaux, les
cadres des grands ministères, de la Banque mondiale ou du FMI (Fonds monétaire international)... L'Ecole d'économie de Paris (EEP) n'est encore qu'un Petit Poucet méconnu dans le monde universitaire. Mais
un Petit Poucet qui vient de chausser des bottes de sept lieues. Situé sur le boulevard Jourdan
(XIV
e
) entre la Cité universitaire et la porte d'Orléans, ce campus d'une dizaine
de bâtiments accueillait jadis l'Ecole normale supérieure des filles. Il va être totalement
démoli et reconstruit pour donner naissance à ce qui devrait devenir l'une des plus prestigieuses
écoles d'économie d'Europe. Le conseil régional vient en effet de voter une subvention de 25,5
millions d'euros dans le cadre du contrat de projet 2007-2013 pour la rénovation du campus de
Jourdan avec la construction d'une nouvelle école de 15 000 m
2
. Au total, avec les
subventions de l'Etat, ce sont près de 70 millions d'euros qui vont être investis sur place
dans les sept ans à venir. Objectif : attirer 350 chercheurs et 900 étudiants en économie. Les
travaux pourraient commencer dès l'an prochain. Des entreprises privées
participent
au financement
Malgré un budget encore très inférieur ceux de ses grandes rivales américaines,
l'EEP affiche clairement ses ambitions : « Remettre la France dans la concurrence internationale
en matière de recherche économique », explique Claudia Sénik, professeur à l'EEP qui espère
que l'établissement « formera des futurs Prix Nobel ». Le président de la région Ile-de-France,
Jean-Paul Huchon (PS), lui, y voit le futur « MIT* français, où sera formée une partie des élites
actuellement expatriées ». Grande nouveauté : l'EEP aura les mains libres. Ni l'Etat ni la région
ne siégeront au conseil d'administration. Créé sous la forme d'une fondation de droit privé,
l'établissement pourra mettre les moyens qu'il veut pour faire venir les plus grands professeurs
internationaux. « Même s'il reste hors de question de s'aligner sur les salaires des universités
américaines », précise Thomas Piketty, son directeur. Les étudiants, accueillis à partir du
niveau master (bac + 4), n'auront en revanche à payer que les frais universitaires classiques. L'établissement
a également fait appels à des entreprises privées (Axa ou la société d'investissement Exane)
; 4 millions d'euros ont ainsi été récoltés. La PDG d'Exane, Nicolas Chanut, aurait même versé
500 000 sur ses fonds propres. Le prix à payer pour que Paris deviennent une référence mondiale
en matière d'économie. * Massachusetts Institute of Technology, université américaine
créée à Cambridge, près de Boston. C'est la référence mondiale en matière de recherche universitaire
en sciences et technologies.
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