Le Monde
7 septembre
2001, page 5
L'économiste
Thomas Piketty reouvre le débat sur les baisses d'impôts
Pour
Florence Parly, l'auteur " se trompe de cible "
MALINGRE
VIRGINIE
LA
SECRÉTAIRE d'Etat au budget a trouvé " de l'intérêt " à cette
histoire des inégalités écrite par Thomas Piketty, qui a " utilisé des
données transmises par [ses] services ". Florence Parly se dit "
d'accord avec sa principale conclusion " : l'impôt progressif sur le
revenu et sur les successions a joué " un rôle majeur dans la réduction
des inégalités ". Elle ajoute que, " pour nous socialistes, cette
philosophie constitue bien le coeur de notre projet ".
Il y a
pourtant, selon elle, " un malentendu quant à l'appréciation portée par
l'auteur sur notre programme d'allégement et de réforme des impôts ". M.
Piketty, dit-elle, " a pris une loupe là où une caméra panoramique
s'imposait. Il concentre son ire sur la baisse de la tranche d'imposition la
plus élevée, en oubliant l'essentiel du plan ", alors que cette réduction
" représente à peine plus de 1 % de notre objectif total de baisse ".
Mme Parly
regrette les oublis de l'économiste : " Négligée, la prime pour l'emploi
qui rapportera aux salariés modestes 15 fois plus que le coût de la mesure
incriminée; ignorées, les baisses des tranches d'imposition les plus basses,
pourtant plus fortes que celles du haut du barème; injuste, l'accusation de ne
pas avoir suffisamment baissé la TVA, alors que les allégements décidés depuis
1999 représentent plus que la hausse décidée par M. Juppé en 1995. "
M. Piketty
" se trompe de cible ", dit-elle. L'impôt sur le revenu aujourd'hui,
y compris dans ses tranches les plus élevées, " concerne des centaines de
milliers de cadres dont une partie du revenu était taxée à 54 % ". Pour le
gouvernement, " les ingénieurs, les créateurs et les entrepreneurs qui
participent à la croissance retrouvée méritent un signe de reconnaissance. Dans
la conjoncture un peu plus difficile que nous connaissons aujourd'hui, les
presque 100 milliards de baisses d'impôts en 2001 et 2002 participeront au
soutien de la croissance, et donc à l'emploi ".
VIRGINIE
MALINGRE